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10/09/2020 epicshape

Swiss Peaks et ses 96 km à travers le Valais

96km juste MAGIQUE !

Et voilà ! C’est fait ! Après 96km, 6000m de dénivelé positif, j’ai atteint le Bouveret avec des étoiles plein les yeux.

Après un départ « spécial COVID » à 12h10, les premiers kilomètres passent finalement assez bien sous ce soleil de plomb. Je pars dans les derniers, afin de prendre un bon rythme, qui est mien, pour tenir l’endurance sur ces quelques fameux 96 kilomètres. Arrivé au pied du col de Fenestral, je vois au loin la lignée de traileurs qui marchent les uns derrière les autres. Mais très vite, je rattrape le groupe et double passablement de concurrents dans la montée.

Puis je commence la descente sur Emaney, les paysages sont fascinants, avec des grandes falaises sur ma gauche et la plaine en fond de vallée sur la droite, je suis complétement dépaysé, la météo est juste extraordinaire ! Arrivé au sommet du col d’Emaney, j’ai une vue incroyable sur les Dents du Midi, elles sont posées là comme une poya qui coupe le ciel.

Après l’ascension des ces deux premiers cols, j’entame la descente sur le barrage de Salanfe. Etant donné que ce 96 kilomètres est le premier trail de cette saison « spécial COVID », j’ai quelques doutes sur l’endurance de mes genoux, mais tout va bien ! Je prends de la vitesse dans cette descente juste magnifique, qui longe les bords du lac de Salanfe. Après avoir dépassé encore de nombreux concurrents, j’arrive au premier ravitaillement.

Ensuite, vint le col de Susanfe, je commence à l’arpenter mètres après mètres avec une excellente forme. La chaleur est telle, digne d’une journée caniculaire, beaucoup de concurrents se trouvent assis en bord du chemin. Mais l’ambiance est juste MAGIQUE ! Après avoir passé le col, j’atteins le deuxième ravitaillement, la cabane de Susanfe, où un magnifique cake à la banane m’attend. Je ne l’ai pas encore dit, mais pour moi, un trail c’est avant tout une balade gustative ! Après une longue descente sur les hauts de Champéry, vient le dernier col avant le ravitaillement de la Barme. Le soleil se couche en reflétant sa couleur orangée sur l’arrière des Dents du Midi, je termine ma descente et me voilà arrivé à la Barme. Énormément de monde se trouve là, pour ravitailler et encourager les coureurs. Je fais une petite demi-heure de pause, allume ma lampe frontale et c’est reparti pour quelques kilomètres dans le noir, direction les Crosets.

Je commence par la montée sur la Croix d’Increne, la fatigue commence à se faire sentir, mais le mental est là ! D’abord ça descend, pour ensuite remonter sur la Ripaille avant de redescendre sur les Crosets. Soudain, je croise un concurrent, qui fait la même distance que moi, mais à mon grand étonnement, à la place des baskets, il a chaussé des sandales. Je crois halluciner, mais non c’est véridique ! Je trouve ces chaussures pas très pratiques pour traverser les prés à vaches. Du reste, après l’avoir dépassé, j’entends dans le noir derrière moi : « Merde » !

“A mon avis, Jésus a dû mettre les pieds dans les excréments d’une des locataires du pré que je viens tout juste d’éviter !”

Il est 23h00 (km 43), et me voilà aux Crosets. Ici c’est un ravitaillement plus conséquent que les autres, il y a la possibilité de manger, de se doucher et de dormir. La dernière descente m’a laissé quelques séquelles. En effet, suite à des frottements dans mes chaussures, des cloques commencent à apparaître. Une petite pause s’impose, je vais reprendre des forces et soigner comme je peux mes pieds. Au menu du soir : civet de cerf avec des pâtes, plat que j’engloutis à deux reprises avec grand bonheur. Les ravitailleurs sont au taquet ! En passant, je tiens à les remercier du fond du cœur, car sans eux, parcourir autant de kilomètres, me semblerait plus difficile. Alors BIG THANKS GUYS !

Et c’est reparti, la forme est là et les « compeeds » aussi ! La montée menant au col des Portes du soleil est entamée et se passe à merveille. Le ciel est majestueux : au loin je peux distinguer quelques lampes frontales qui se suivent les unes derrières les autres. Une fois arrivé au sommet, j’entends de la musique, oui oui de la musique : un concurrent du 360 km est là entrain de jouer du Ukulele et de chanter. Je vous assure que je ne suis pas encore au stade des hallucinations. Il s’agit de Philippe Genevaux, connu pour courir et chanter dans de nombreux ultratrails. Après ce petit moment suréaliste, me voilà arrivé au lac Vert : je suis seul au monde sous un ciel étoilé ! Quel paradis ! Pas un biped, ni une lampe frontale à l’horizon ! J’éteins la mienne et contemple quelques minutes cette nature incroyable, sous ce ciel noir illuminé par la lune et les étoiles. Voilà ! J’y suis, mon premier trail sous les étoiles ! Quel moment incroyable ! Après ce petit moment de pur plaisir, j’attaque la descente sur Morgins, les pieds commencent à me faire souffrir de plus en plus. Mais le mental ne me lâche pas !

02h35 du matin, je viens d’arriver à Morgins, un petit ravitaillement nous est offert. La file des abandons est là, passablement de monde dort à même le sol. L’ambiance est quelque peu chaotique. Pour le moment pas de fatigue à l’horizon, mais j’ai vraiment mal aux pieds. Je déplie mes bâtons et repars à l’assaut du Bec du Corbeau (sommet culminant entre Châtel et Morgins). La montée est rude, je commence à sentir les kilomètres précédents, et mes pieds me font souffrir de plus en plus. Une fois arrivé au sommet, la lune m’attend, elle éclaire ce magnifique chemin déjà parcouru avec les Dents du Midi au fond. Et voilà la descente du bec du corbeau, sacré bec ! J’échange quelques mots avec une concurrente, elle vient de Lyon. Les pieds me font de plus en plus mal, je commence à boiter.

04h30, me voilà au ravitaillement de Conches (km 64), il se trouve en dessus de Torgon. Ici c’est crêpes party. Fidèle à moi-même, j’engloutis 2 crêpes, et après 30 minutes de pause je repars. Me voilà au sommet de la Tête du Tronchey. Mais bien que le lever de soleil soit juste sublime, je ne peux plus aller de l’avant, une de mes cloques vient d’éclater dans ma chaussure gauche. Il est temps d’enlever les chaussures et de voir comment ça se passe par là en bas. Mouais… c’est pas terrible…, je prends 45 minutes de pause. Un certain nombre de participants, que j’ai dépassés au préalable, me rattrapent et continuent leur chemin en me demandant si tout va bien. Je garde le sourire et réponds que oui, mais en regardant mes pieds l’abandon me trotte dans la tête. Il est 08h00 j’appelle Maman.

“Et oui, quand on a besoin de réconfort, les mamans sont toujours là ! Je dis toujours que les mamans sont les meilleures !”

Après quelques mots échangés, je dois la rappeler au prochain ravitaillement (dans 20 kilomètres), car moi je dis que ça sent l’abandon… Mais soudain, un concurrent arrive et ne me demande même pas si ça va, il me dit juste : “Aïe ! Les cloques ! Ta course est finie Coco” et le type passe son chemin ! Il est hors de question qu je l’écoute ! Je perce mes cloques avec une des épingles doubles de mon dossard et m’empare du « tape » dont je dispose dans mon sac pour les entourer. Ni une ni deux, je remets mes chaussures et me voilà reparti ! Reparti c’est un grand mot ! Les premiers pas sont difficiles, puis je recommence à trottiner. Durant mes vingts prochains kilomètres, je rappelle Maman : “Pas besoin de venir me chercher, je t’appellerai quand je serai au Bouveret !”

Enfin, l’avant dernier ravitaillement ! Il était temps, mes pieds sont en feu ! Je ne pense même pas à l’idée d’enlever mes chaussures ! Je m’assieds sur le banc et récupère en peu. Mais quelle bonne odeur de fromage fondu, ça sent la raclette ! Et c’est parti pour deux raclettes et un petit coup de blanc, rien de mieux pour repartir au taquet ! Et oui, il suffisait d’un petit remontant culinaire pour redémarrer, et c’est reparti direction le lac de Taney ! La distance entre ces deux derniers ravitaillements est moindre, juste quelques 6 kilomètres.

Me voilà arrivé au ravitaillement du Lac de Taney, un des ravitailleurs me voit arriver en boitant, et oui j’ai toujours mal aux pieds, malgré les raclettes ! J’ai droit à deux ou trois bonbons (appelés « lasagnes »), mais le ravitailleur a pitié de moi, et je repars avec toute la boîte. Et oui, on ne change pas une équipe qui gagne ! J’amorce une longue, mais très longue descente  sur le Bouveret (2h30). Interminable cette descente ! Les frottements dans mes chaussures me détruisent les pieds, le mental est plus que présent ! Mais je cours encore et encore, et quelle belle vue sur le lac Léman ! Je crois qu’il ne m’a jamais paru aussi beau ce lac, ou devrais-je plutôt dire : « je n’ai jamais été aussi content de le voir ». Alors pour changer, je cours et je cours encore, mon natel n’arrête pas de vibrer, plein de WhatsApp à lire, beaucoup d’amis croient que je me suis arrêté à Morgins. Et, je découvre en me connectant sur le site de Swisspeaks, que mes temps ne sont pas enregistrés, ma balise ne fonctionne plus. Mais, je continue à courir encore et encore, et j’arrive enfin au bord du lac. Et là, c’est parti pour le sprint final ! Mes pieds ne doivent plus ressembler à grand chose. Une immense foule est présente et applaudit. Je passe la ligne d’arrivée avec les larmes aux yeux tellement j’en ai bavé avec ces fichues cloques, mais je l’ai fait ! 96km avec 6000m D+ en 28h, et tout ça sans dormir, que du pur bonheur ! Merci Swisspeaks pour cette course juste incroyable ! Et rendez-vous l’année prochaine pour les 170 kilomètres ! Bon maintenant, il est l’heure de la bière !

Ce trail fut pour moi une aventure juste extraordinaire, sportivement et émotionnellement. Il est juste incroyable de prendre conscience que le mental peut te pousser en avant, alors que tu souffres à ne plus pouvoir poser le pied parterre. Je disposais d’une énergie exceptionnelle ! Cependant, il ne faut pas négliger le matériel. De par cette expérience, j’ai pris note du mauvais choix quant à mes chaussettes, ainsi qu’à mes chaussures. Et, j’en tire la leçon ! Comme je dis à la fin de chaque trail, “il faut être complétement fou pour s’inscrire à des courses pareilles, c’est la dernière fois” ! Mais chaque année je remets ça. Il faut croire que j’aime me surpasser ! See you in 2021.

Stéphane Rinaldi

septembre 2020

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